Manao Tupapau de Paul Gauguin réinventé d'après un croquis de la semaine dernière

  

  Croquis sur modèle vivant, les yeux grands ouverts,comme figée dans une apparente terreur.

Manao Tupapau de Paul Gauguin.

"o vai te haape'ape'a ra no'na i teie mahana?" Esquisse aux couleurs délavées,

 Réponse à Manao Tupapau*. 

*Le titre du tableau Manao Tupapau, écrit en tahitien, peut être traduit  par « Elle pense au revenant » ou par « Le revenant pense à elle » : une ambigüité qui démontre ce point de tension.

"O vai te haape'ape'a ra no'na i teie mahana" écrit en tahitien, peut être traduit  par «Qui se soucie d'elle aujourd'hui ?» les couleurs sont passée mais son éveille subsiste.

Reprise imaginée à partir d'une esquisse d'après modèle vivant de la semaine dernière et lui faisant écho.

  HISTOIRE de l'Art

Genèse de Manao Tupapau, une toile énigmatique de Paul Gauguin En 1891, Paul Gauguin, en quête d’un paradis perdu et d’une inspiration nouvelle, débarque à Tahiti. Il y découvre une culture vibrante, des paysages luxuriants et une sensualité omniprésente. 

C’est dans ce contexte exotique, teinté de mystère et de croyances ancestrales, que naît Manao Tupapau en 1892. Cette huile sur toile, mesurant 73,02 x 92,39 cm (115,89 × 134,78 cm encadrée), et aujourd'hui conservée à la Albright-Knox Art Gallery de Buffalo, aux États-Unis, est également connue sous le nom de L'esprit des morts veille, ouvrant la voie à de multiples interprétations. Le titre de l'œuvre fait référence à la croyance polynésienne selon laquelle les esprits des morts, appelés « tupapau », hantent leur sépulture durant la nuit et surveillent le monde des vivants. Cette thématique constitue pour Gauguin une occasion de réinterpréter certains aspects de la langue et de la culture tahitienne afin de les intégrer à son propre langage pictural. Pour peindre cette toile, Gauguin s'inspire d'une expérience personnelle : une nuit, rentrant chez lui, il surprend sa jeune compagne tahitienne, Tehura, allongée sur leur lit, les yeux grands ouverts, figée dans une apparente terreur. Cette scène, chargée d'émotion et d'ambiguïté, devient le point de départ de cette œuvre emblématique. 

 Manao Tupapau de Paul Gauguin : Un tableau, deux mondes Manao Tupapau nous plonge dans une atmosphère nocturne, à la fois sensuelle et inquiétante. 

Au premier plan, Tehura, nue, est allongée sur un lit recouvert d'un paréo bleu aux motifs floraux jaunes. Son corps, aux formes généreuses, occupe une grande partie de la toile, attirant irrésistiblement le regard. Son expression est indéchiffrable : est-elle effrayée, comme si elle percevait la présence d'un danger imminent, pensive, ou simplement plongée dans ses pensées ? Derrière elle, dans l'ombre, se dresse une figure fantomatique, le "tupapau", l'esprit des morts. Vêtu de noir, il semble observer la jeune femme, créant un contraste saisissant entre la lumière et l'obscurité, le monde des vivants et celui des morts. La composition, simple et efficace, met en tension ces deux réalités, invitant le spectateur à pénétrer dans l'univers mental de Tehura.

 La figure féminine au centre de la composition de Manao Tupapau de Paul Gauguin

 La jeune femme représentée dans Manao Tupapau est considérée comme étant Tehura, la compagne polynésienne de Paul Gauguin à l'époque. Son corps nu, offert au regard du spectateur, offre un contraste saisissant avec le fond sombre et indistinct de la toile et incarne la beauté exotique, la sensualité primitive que l'artiste cherchait dans les îles du Pacifique. 

 Au-delà de l'érotisme, Tehura est aussi une figure énigmatique. Son expression, à la fois sereine et troublée, suggère une intériorité complexe. Est-elle consciente de la présence du tupapau ?

 Que ressent-elle face à cette intrusion du monde des morts dans son intimité ? Gauguin laisse ces questions en suspens, invitant le spectateur à projeter ses propres interprétations sur cette jeune femme fascinante.

 Symbolisme et mystère au coeur de Manao Tupapau de Paul Gauguin 

 Manao Tupapau reflète les croyances et les mythes de la culture tahitienne, mais aussi les préoccupations personnelles de Gauguin. Le tupapau, l'esprit des morts, incarne la peur de l'inconnu, de la mort, mais aussi la présence persistante du passé, tandis que les couleurs, vibrantes et contrastées, traduisent l'intensité émotionnelle de la scène. Gauguin joue avec les ombres et les lumières pour créer une atmosphère mystérieuse, propice à l'introspection. Le tableau devient ainsi une fenêtre ouverte sur l'âme humaine, explorant les zones d'ombre de la conscience et les frontières entre le réel et l'imaginaire.

 Le rôle de la couleur dans Manao Tupapau de Paul Gauguin

 L'usage audacieux et expressif de la couleur est une caractéristique clé du style artistique de Paul Gauguin. Dans Manao Tupapau, les teintes vives du corps de la femme contrastent fortement avec les couleurs sombres et profondes de l'arrière-plan. Cette opposition renforce l'impression d'étrangeté et de mystère qui se dégage de la scène représentée. Les différentes nuances de vert, de bleu et de rouge employées dans ce tableau témoignent également de la passion de l'artiste pour les paysages tropicaux et la culture de ses habitants.